Pégazz & L'Hélicon
Pégazz & L'HéliconLes musiciens
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Delphine Deau
piano
Agenda
Pour sa première création en solo, Delphine Deau se lance un défi de taille : réimaginer des œuvres de la Renaissance sur piano préparé. Véritable coup de foudre de ces deux dernières années semi–confinées, la musique du luthiste anglais John Dowland lui inspire une création pour piano solo. Autour des « lute songs » écrites entre 1597 et 1603, la pianiste se crée un espace d’improvisation libre, loin de ses habitudes en quartet où la batterie propulse la danse. Ici l’espace est différent, le temps est comme suspendu et les textures du piano préparé viennent se mêler à la puissance mélodique de Dowland pour en extraire toute la poésie.
D’une telle limpidité dans l’écriture, les pièces de John Dowland pourraient presque s’assimiler à des standards de jazz avec une mélodie et une harmonie offertes à l’interprète. A défaut de rester dans une improvisation cadrée, Delphine fait le choix de la déstructuration pour amener une ouverture dans l’espace de jeu. Ces moments à la fois lyriques et rythmiques, sont portés par la richesse harmonique des outils ajoutés tels que des pièces de monnaies, vis, pinces à linge, épingles à nourrice… Dans cet univers sonore, la forme apparaît seulement quand elle devient nécessaire et on entrevoit alors la mélodie au détour d’une envolée de main gauche ou dans les sons de cloches d’une corde transformée. En plus de devenir un instrument augmenté, le piano est aussi volontairement ramené à sa nature profonde : une percussion !
Après un travail de recherche et de présentation de son travail, une nouvelle résidence est prévue en 2024 pour transformer la création musicale en une œuvre pluridisciplinaire mettant en scène un univers onirique où l’éclairage se frotte à la matière sonore. Une véritable immersion sensorielle pour le public qui s’abandonne alors au savoureux mélange des vibrations de cordes transformées avec les faisceaux lumineux scintillant dans le piano. Nourries l’une de l’autre, les ondes se côtoient puis s’harmonisent enfin pour ne résonner que d’une seule et même voix dans l’espace scénique.